Les tremblements de terre, abbé MOREUX, édition Jouve & Cie,1909
Chapitre III Extrait des pages 48 - 51
Le tremblement de terre du 11 juin 1909
La région dévastée en Provence
Les récits que j'avais lus dans les journaux ne pouvaient me donner aucune idée de ce que fut le tremblement de terre du 11 juin, et je suis persuadé que mes lecteurs ne se doutent pas davantage en quoi consiste pareil désastre. | |
Une rue à Rognes (Cliché H. Ely)
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Devant les ruines amoncelées et les régions bouleversées par cet effroyable cataclysme, on comprend mieux la grandeur des forces mises en jeu et dont dispose la nature pour remanier sans cesse le sol sur lequel nous marchons ; on saisit mieux aussi le nombre incalculable de siècles accumulés pour réaliser la topographie terrestre. Chaque jour, les forces internes et externes continuent leur uvre lentement, sans doute, mais avec des lois inexorables ; et lorsque, à certaines époques, par défaut d'équilibre, ou pour une cause quelconque, le phénomène s'accentue, nous sommes terrorisés en présence d'ébranlements qui, cependant, n'affectent qu'un faible compartiment des assises de la Terre. |
Dés le premier instant, les journaux ont donné des relations du désastre, mais il était bien difficile de circonscrire les régions au point de vue de l'intensité des secousses sismiques. Les sismologues, pour tracer la carte d'une contrée, au point de vue qui nous occupe, ont dressé une sorte de barème très ingénieux qu'on peut employer, faute de sismographe, pour tracer des courbes indiquant l'intensité du tremblement de terre : elles sont analogues aux courbes de niveau sur nos cartes et nos plans topographiques. Notre première enquête nous a permis d'établir une première carte de ce genre, toute préliminaire d'ailleurs, car il faudra revenir sur bien des détails. |
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La partie très sérieusement
affectée comprend la région connue sous le nom de Trévaresse ; elle est limitée au
nord par la Durance et au sud par le cours de la Touloubre. C'est là q'étaient bâties
les petites villes ou villages de Lambesc, Rognes, Saint Cannat : c'est là aussi que
les effets destructeurs ont atteint leur maximum. Dans certains villages, comme à
Vernègues, aucune maison n'a résisté. Une seule est encore à peu près habitable.
Le clocher de Lambesc ruiné (cliché L. Fabry) |
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Généralement, il faut l'avouer, dans la contrée, les constructions sont peu solides. Les murs sont formés d'un conglomérat de cailloux et de sable avec très peu de chaux. Les secousses ont vite eu raison de ces bâtiments fort instables. Les églises ont mieux résisté, mais les lézardes qui se sont produites rendent nécessaire la reconstruction des plus solides édifices. |
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C'est cette région de la
Trévaresse que j'ai voulu visiter avant d'écrire ces pages : il y avait là matière à
un travail de longue haleine, qui exigerait bien des ouvriers. D'ailleurs les résultats
ne répondraient pas à l'effort dépensé. Rien n'est plus fantasque en apparence qu'un
tremblement de terre, en raison de la complexité du phénomène. Maison ruinée à St-Cannat (cliché H. Ely) |
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Je me bornerai donc à relater les faits, empruntant souvent au Petit Marseillais, que je me fais un plaisir de remercier ici des détails relevés au lendemain même de la catastrophe. I1 faudrait un volume entier pour relater les faits qui se sont produits dans cette région après la secousse du 11 juin. Nous parlerons surtout des communes où les effets ont été le plus violemment ressentis. /...... |
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Abbé Moreux 1909 | (Mise en ligne P.L. février 2001) |
Voir aussi
Le tremblement de terre de la Ligurie et les Alpes-Maritimes du 23 février 1887 (Camille Flammarion)